Nos projets

Depuis des générations, la Fondation Patiño œuvre pour bâtir une Bolivie plus forte et plus solidaire. À travers nos projets en éducation, santé pédiatrique, agroécologie et culture, nous transmettons un savoir précieux, nous innovons pour répondre aux défis contemporains et nous créons un impact durable sur les communautés locales. Ensemble, nous poursuivons une mission de transmission, de renouveau et d’excellence.

Agroécologie et souveraineté alimentaire en Bolivie

Agroécologie et souveraineté alimentaire en Bolivie

  • L’agroécologie
  • La santé pédiatrique

La Bolivie fait face à un paradoxe alimentaire frappant : riche en diversité agricole, elle dépend pourtant de l’importation pour nourrir une grande partie de sa population. Entre changements climatiques, dépendance aux marchés mondiaux et inégalités rurales persistantes, garantir à chaque communauté l’accès à une alimentation saine, locale et durable est un défi de taille.

Face à cette urgence, l’agroécologie s’impose comme une réponse crédible, adaptée et porteuse d’espoir. En combinant savoirs ancestraux, innovation scientifique et respect des écosystèmes, elle permet non seulement de produire autrement, mais aussi de rebâtir des économies agricoles résilientes.

C’est dans cette dynamique que s’inscrit la Fondation Simón I. Patiño, avec des projets phares comme la Ferme de Pairumani ou l’Hacienda Patiño, qui démontrent chaque jour l’impact positif de l’agroécologie sur la sécurité alimentaire, l’autonomie des producteurs et la préservation de la biodiversité.

La situation actuelle en Bolivie

Une dépendance structurelle et des inégalités persistantes

Depuis plusieurs décennies, la Bolivie dépend massivement des importations alimentaires, notamment pour les produits de base comme le blé, le riz ou les huiles. Cette dépendance fragilise l’ensemble du système alimentaire, en l’exposant aux fluctuations des marchés internationaux, aux conflits logistiques et aux chocs climatiques globaux.

Dans le même temps, le pays fait face à des inégalités marquées entre zones rurales et urbaines. De nombreux petits producteurs vivent dans des conditions précaires, avec un accès limité à la formation, au crédit ou aux marchés. Ils subissent les effets du changement climatique (sécheresses, inondations, dégradation des sols), sans toujours disposer des outils pour s’adapter.

Une souveraineté alimentaire inscrite dans la Constitution

Consciente de ces défis, la Bolivie a inscrit en 2009 le droit à la souveraineté alimentaire dans sa Constitution. Inspirée par les mouvements paysans comme La Vía Campesina, cette orientation politique vise à garantir à chaque peuple le droit de produire, consommer et décider de son propre modèle agricole.

Mais sur le terrain, ce droit reste encore largement à concrétiser. L’agro-industrie occupe une place dominante et les programmes de soutien à l’agriculture familiale peinent à s’ancrer durablement. C’est dans ce contexte que l’agroécologie, portée par des acteurs engagés comme la Fondation Patiño, offre une voie crédible pour renouer avec l’autonomie alimentaire, la résilience et la justice sociale.

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Bien plus qu’une technique agricole, une vision systémique

L’agroécologie ne se limite pas à une méthode de production alternative. Elle repose sur une approche holistique qui intègre l’environnement, l’économie et la dimension sociale de l’agriculture. Elle valorise les savoirs paysans, la biodiversité locale et la gestion durable des ressources naturelles.

Ses principes fondamentaux sont clairs : encourager l’agriculture familiale, préserver les écosystèmes agricoles, renforcer la résilience climatique, réduire l’usage d’intrants chimiques, et favoriser l’autonomie des producteurs. L’objectif est double : nourrir la population de manière saine et durable, tout en renforçant la souveraineté des territoires.

Une réponse adaptée aux réalités boliviennes

En Bolivie, l’agroécologie prend tout son sens. Les petits producteurs, souvent issus de communautés indigènes, possèdent une connaissance fine de leurs terres. L’agroécologie leur permet de réinvestir ces savoirs traditionnels tout en intégrant des apports scientifiques adaptés à leur contexte.

Elle contribue ainsi à conserver les semences locales, à limiter l’érosion des sols, à diversifier les cultures et à relancer des circuits courts plus équitables. Elle favorise également l’émancipation économique, en réduisant la dépendance aux semences commerciales ou aux fertilisants importés.

En bref, l’agroécologie n’est pas une alternative marginale : c’est une solution d’avenir, capable de réconcilier souveraineté alimentaire, justice sociale et durabilité environnementale.

Les actions concrètes de la Fondation Patiño

La Ferme agroécologique de Pairumani : un laboratoire vivant

Située à Cochabamba, la ferme agroécologique de Pairumani est un projet phare de la Fondation Patiño. Véritable laboratoire à ciel ouvert, elle combine production durable, formation technique et recherche appliquée en écologie scientifique.

Les pratiques mises en place reposent sur la rotation des cultures, la récupération des sols, la gestion raisonnée de l’eau et la valorisation des déchets organiques. La ferme forme chaque année des dizaines de petits agriculteurs aux techniques agroécologiques, en lien avec leurs conditions locales. Ce transfert de savoirs permet aux producteurs de gagner en autonomie tout en améliorant leurs rendements de manière durable.

Le centre de semences : préserver la biodiversité, semer l’avenir

À Pairumani également, le centre de semences de la Fondation joue un rôle central dans la préservation de la biodiversité agricole. Il met en valeur des variétés locales, résistantes aux conditions climatiques extrêmes, et adaptées aux écosystèmes andins.

Ces semences, distribuées gratuitement aux producteurs formés par la Fondation, permettent de rompre avec la dépendance aux semences hybrides ou importées. Ce travail de conservation et de diffusion s’inscrit dans une logique de souveraineté semencière, essentielle pour garantir une production durable et locale.

Hacienda Patiño : production responsable et circuits courts

Dans les plaines de Santa Cruz, l’Hacienda Patiño développe une production agroécologique diversifiée (cultures, élevage, transformation) avec une attention particulière portée à l’impact environnemental.

L’exploitation privilégie la vente en circuit court, favorise les liens entre producteurs et consommateurs, et agit comme modèle reproductible dans une région dominée par l’agro-industrie. Elle prouve qu’il est possible de concilier rentabilité, respect de la nature et autonomie alimentaire.

Un levier direct pour la souveraineté alimentaire

Quand l’agroécologie renforce l’autonomie des communautés

Les initiatives agroécologiques de la Fondation Patiño produisent déjà des effets tangibles sur le terrain. À Pairumani comme à Santa Cruz, les producteurs formés constatent une amélioration significative de leurs rendements, une meilleure gestion de leurs ressources, et surtout une plus grande indépendance économique.

La diversification des cultures, le recours aux semences locales et la réduction des intrants permettent aux familles de produire davantage, mieux, et pour leur propre consommation. Les surplus sont écoulés sur les marchés locaux, ce qui renforce l’économie de proximité et réduit la dépendance aux circuits d’importation.

Une agriculture résiliente face aux chocs

Dans un contexte marqué par l’instabilité climatique, l’agroécologie permet aussi d’accroître la résilience des exploitations. Des techniques simples comme les haies coupe-vent, la culture en courbes de niveau ou l’usage d’engrais verts protègent les sols, retiennent l’humidité et limitent les pertes en cas de sécheresse ou de fortes pluies.

Cette capacité d’adaptation est essentielle pour construire une sécurité alimentaire durable, surtout dans les zones rurales où les chocs climatiques sont les plus dévastateurs.

En renforçant à la fois la productivité locale, l’autonomie des producteurs et la préservation des ressources, les projets de la Fondation Patiño offrent une réponse concrète et structurante aux défis de la souveraineté alimentaire bolivienne.

Les initiatives gouvernementales complémentaires

Des efforts institutionnels en appui à l’agroécologie

Depuis plusieurs années, le gouvernement bolivien développe des politiques publiques visant à soutenir l’agriculture familiale et durable. Des lignes de crédit spécifiques ont été ouvertes pour encourager les petits producteurs à adopter des pratiques agroécologiques, avec des taux préférentiels et des accompagnements techniques.

Le pays a également mis en place un programme national d’alimentation scolaire, incitant les écoles publiques à s’approvisionner en produits locaux. Cette mesure permet non seulement d’améliorer la qualité nutritionnelle des repas, mais aussi de créer un débouché direct pour les agriculteurs de proximité, renforçant ainsi les circuits courts.

Une complémentarité à renforcer

Ces initiatives vont dans le bon sens, mais restent insuffisamment déployées à l’échelle nationale. Les défis sont nombreux : manque de formation continue pour les agriculteurs, lenteur de la réforme agraire, concurrence féroce de l’agro-industrie, et accès limité aux marchés pour les petits producteurs.

C’est pourquoi des acteurs comme la Fondation Patiño jouent un rôle crucial pour compléter, expérimenter et inspirer les politiques publiques. En articulant leurs actions aux stratégies nationales, ils démontrent qu’une transition agroécologique est non seulement souhaitable… mais déjà en marche.

Les défis persistants à relever

Un écosystème encore dominé par l’agro-industrie

Malgré les avancées, le paysage agricole bolivien reste largement influencé par les logiques industrielles et exportatrices. Le soja transgénique, les engrais chimiques et la monoculture occupent une part importante des surfaces cultivées, en particulier dans les régions de l’est du pays. Cette dynamique compromet la transition vers un modèle plus durable, freine l’accès à la terre pour les petits producteurs et aggrave la dégradation des écosystèmes.

Un accès limité à la formation et à l’accompagnement technique

Dans les zones rurales, beaucoup d’agriculteurs manquent encore de formations adaptées, d’outils pratiques et de réseaux d’appui pour mettre en œuvre des pratiques agroécologiques. Le partage des savoirs reste inégal, souvent concentré dans certains départements ou projets pilotes. L’absence de structuration à grande échelle freine la généralisation du modèle.

Une réforme agraire inachevée

Enfin, la question foncière demeure un frein majeur. De nombreux petits producteurs n’ont pas de titres de propriété clairs, ce qui limite leur accès au crédit, à la formation et aux programmes publics. Une réforme agraire plus ambitieuse et inclusive est nécessaire pour garantir une redistribution juste de la terre et permettre aux communautés rurales de construire leur souveraineté alimentaire sur des bases solides.

Semer aujourd’hui la souveraineté de demain

En Bolivie, la souveraineté alimentaire ne se décrète pas : elle se construit, saison après saison, communauté après communauté. Grâce à ses projets agroécologiques ancrés sur le terrain, la Fondation Simón I. Patiño démontre qu’il est possible de produire autrement, de nourrir durablement et de préserver les écosystèmes tout en renforçant l’autonomie des producteurs.

Pairumani, son centre de semences ou l’Hacienda de Santa Cruz ne sont pas de simples exemples : ce sont des preuves vivantes qu’une autre agriculture est possible. Une agriculture résiliente, locale, équitable, capable de répondre aux besoins nutritionnels des Boliviens tout en respectant leurs savoirs, leurs terres et leurs modes de vie.

Mais les défis restent nombreux. Tant que les politiques publiques ne seront pas pleinement alignées avec les enjeux agroécologiques, tant que l’accès à la terre et à la formation restera inégal, l’agroécologie restera une solution marginale. Il faut donc renforcer les synergies entre fondations, institutions, producteurs et citoyens engagés pour rendre ce modèle reproductible à grande échelle.

Soutenir l’agroécologie, ce n’est pas seulement défendre une technique agricole. C’est choisir un modèle de société plus juste, plus durable et plus solidaire. Soutenez nos actions pour renforcer la souveraineté alimentaire en Bolivie. Chaque partenariat, chaque don, chaque engagement permet de faire germer une agriculture plus libre et une alimentation plus digne.